Ligue 1 : Fred / Djibril Cissé, destins croisés
C’est l’histoire de deux des meilleurs joueurs de Ligue 1, c’est l’histoire de buteurs en pleins doutes, rongés par les blessures et la méforme. Comment expliquer que de tels joueurs, si performants par le passé soient si médiocre aujourd’hui ? Difficile à dire, mais une chose est sûre, le temps presse et leur manque de réalisme offensif pénalisent lourdement leurs équipes, à l’heure ou ils devraient être de véritables leaders ...Deux destins, deux trajectoires similaires, deux destins brisés ?
Véritable OVNI du paysage footballistique français, Djibril Cissé apparaît vite comme un phénomène, avec une pointe de vitesse incroyable et une frappe de mule. Quatre saisons de folie à Auxerre ponctuée de deux titres de meilleur buteur font de lui l’un des attaquants les plus redoutés de l’hexagone. Recruté par Gerard Houllier pour animer l’attaque de Liverpool, Cissé n’aura finalement cessé de régresser. La faute à un style de jeu trop exigeant pour son organisme. Deux graves fractures aux deux jambes auraient dû avoir raison de son explosivité. Pourtant, l’attaquant international français aura toujours su faire face et se relever. Il prouvera d’ailleurs la saison passée que l’OM avait eu raison de lui faire confiance en permettant au club phocéen de terminer en boulet de canon la saison avec 15 buts toutes compétitions confondues en une demi-saison.
Acheté définitivement par l’OM cet été pour une dizaine de millions d’euros, l’ensemble des observateurs avait imaginé tout autre scénario que celui que l’ancien Auxerrois allait vivre. Car, si le joueur n’a pas changé, ces partenaires ne sont plus les mêmes. Habitué à profiter des bonnes passes de son compère des bleus Franck Ribery, Cissé se retrouve bien seul sur le front de l’attaque, surtout que le jeune Samir Nasri est loin d’être au meilleur de sa forme. Or, pour briller, Djibril Cissé a besoin qu’on joue pour lui, et c’est loin d’être le cas cette saison. Écarté au profit de Mamadou Niang, moins dépendant que lui en bons ballons, l’ancien meilleur buteur de Ligue 1 doit se contenter de bouts de matchs, ou il s’avère bien trop fébrile pour briller. Ce dernier se trouve au pied du mur et bien malin qui pourra dire comment il saura s’extirper de cette délicate situation...
Acheté à prix d’or par l’OL pour près de 15 M€, Fred ne tardera pas à remercier les dirigeants lyonnais d’avoir misé sur lui. Tout d’abord remplaçant de luxe du norvégien John Carew, l’ancien buteur du Cruzeiro impressionne à chacune de ses rentrées. Il mettra près de six mois pour reléguer le géant norvégien sur le banc. Avec un temps de jeu somme toute limité, il réussira à inscrire près 14 buts. Cette première saison réussie lui permettra de rejoindre la Selecao, où il sera appelé régulièrement et avec laquelle il participera à la coupe du monde 2006 pour 4 min de jeu durant lesquels il réussira à inscrire un but face à l’Australie. La seconde saison lyonnaise sera largement perturbée par les blessures, mais durant laquelle il inscrira 11 buts en 20 matchs de Ligue 1. Une fin de saisons délicate avec une expulsion en Champion’s League face à l’AS Roma et une grave blessure au pied. Le bilan du brésilien restant plus que positif avec une moyenne d’un but tout les deux matchs (50 matchs- 25 buts). Ratant le début de saison, le jeune Karim Benzema lui volera la vedette et deviendra ainsi rapidement l’atout n°1 offensif de l’OL.
Revenu de blessure depuis près d’un mois, le buteur brésilien est méconnaissable. Lent, emprunté, invisible, les adjectifs qualifiant Fred ne sont pas glorieux. Conspué comme jamais par le public lyonnais à sa sortie face au FC Barcelone, Fred n’a jamais su se montrer dangereux et on s’est même demandé si l’OL ne jouait pas à 10... « Ce qui est très étonnant, c’est qu’un joueur qui a été absent pendant très longtemps est en général inspiré et efficace quand il revient, et connaît une baisse de régime ensuite », affirme-t-on dans l’entourage du club. L’attaquant lyonnais aurait un mois pour se relancer, après quoi le mercato hivernal pourrait finalement avoir raison de lui.
Deux attaquants confirmés, deux internationaux en puissance, et pourtant deux joueurs conspués et critiqués, le football moderne est impitoyable. Héros un jour, zéro le lendemain, la carrière d’un footballeur est loin d’être une sinécure...