Une défaite et des questions
L’OM ne sera pas resté très longtemps sur le podium. Un nouveau revers au Vélodrome face à des Lillois (trop ?) sereins, et voilà le duel face à Nancy qui repasse à l’avantage des Lorrains. Faut-il être inquiet ?
"Ils devraient interrompre le match !". En train de se tremper sous l’averse de pluie qui redoubla d’intensité en seconde période, ce supporter marseillais grognon aurait vu d’un bon œil l’arrêt du match, dimanche soir au Vélodrome. Il faut dire surtout que les Olympiens venaient d’encaisser le troisième but lillois et filaient tout droit vers une 4e défaite cette saison à domicile en championnat…
Un revers logique au regard de la rencontre tant les Lillois se sont montrés beaucoup plus mordants et efficaces dans les duels, face à des Olympiens dans une toute petite forme. Et il nous reste cette désagréable impression d’impuissance de la part des joueurs d’Eric Gerets. Ce que confirme Laurent Bonnart : "Même lorsqu'on a marqué le premier but, on se sentait impuissants. On était amorphes, à bout de souffle. On aurait pu jouer six heures ça aurait été pareil". C’est dire.
Une baisse de régime inquiétante en plein sprint final où la moindre faiblesse n’est pas acceptée. Heureusement que Nancy n’est pas dans une grande forme non plus, sinon l’OM aurait déjà pu dire adieu à la 3e place comme il vient de dire adieu à la 2e place que certains espéraient encore secrètement. On en vient même à jeter un petit coup d’œil discret dans le rétro : 5e, St Etienne est revenu à cinq points de l’OM. A quatre journées de la fin, les Olympiens se sont mis avec ce revers inattendu face à Lille une pression supplémentaire dont on se serait bien passé. L’OM n’a de nouveau plus son destin entre ses mains. Et l’OM est revenu dans la position du chasseur derrière Nancy. Peut-être finalement que les Olympiens préfèrent jouer au chasseur…
Contre Lille, ils n’ont en tout cas pas assumé leur statut. Et ils ont surtout mal vécu l’égalisation lilloise à un partout, dix minutes avant la pause. Une première au Vélodrome cette saison. L’OM avait déjà ouvert le score à neuf reprises dans son antre, et avait à chaque fois tenu cet avantage pour s’imposer au final, hormis contre Nancy en tout début de saison (2-2 après avoir mené 2-0, 4e journée). Pire, en cinq minutes (deuxième but de Mirallas à la 41e), l’OM s’est écroulé face à des Lillois euphoriques. Une vraie douche froide. Telles les bourrasques de pluie qui s’abattaient par intermittences sur le Vélodrome en cette fin de vacances scolaires.
Les joueurs marseillais ont eu l’opportunité de revenir au score. Par trois fois. Cissé lancé en pleine course frappa au-dessus juste avant la pause, Niang en début de période vit son plat du pied droit frôler le montant gauche de Sylva, et de nouveau Cissé qui plaça une tête à côté sur un centre de Cheyrou. Peu avant le but du KO signé Makoun.
Le milieu de terrain camerounais a d’ailleurs fait mal à l’OM. Décisif sur le premier but, son abattage dans l’entre jeu a été essentiel dans la construction du succès lillois. Le LOSC a gagné de loin la bataille du milieu. Pour preuve, Mavuba a mis sous la dentelle Nasri qui revenait pourtant en grande forme, et le duo Cabaye-Makoun a maîtrisé le duo Cheyrou-M’Bami fortement contrarié par un pressing lillois intense. Le troisième but de Lille en est la parfaite illustration : Cabaye après avoir décalé Obraniak subtilisa le ballon à Cheyrou avant de servir avec un maximum de réussite Makoun tout seul au second poteau. Deux milieux lillois dans la surface olympienne qui se retrouvent décisifs, voilà la recette gagnante de Claude Puel.
L’entraîneur nordiste a en tout cas réalisé une belle performance sur le plan tactique. Car outre un milieu souverain, les couloirs ont été parfaitement occupés par Beria et Obraniak côté droit, Emerson et Bastos côté gauche. D’habitude performants sur le plan offensif, Bonnart et Taiwo ont été obligés de défendre tout le match. La faute notamment à un repli défensif léger d’Akalé (auteur d’une prestation transparente) et de Niang (trop juste physiquement). A cela, vous rajoutez un réalisme offensif considérable, et vous obtenez une prestation de tout premier ordre à l’extérieur.
D’où la question : est-ce Lille qui a été vraiment bon ou est-ce l’OM qui a été vraiment mauvais ?
Sûrement un peu des deux. Ce qui est inquiétant, c’est de noter que sur les huit derniers matchs joués par l’OM, seules la première mi-temps à Lens (29e journée), la seconde période à Lorient (31e journée) et les deux mi-temps contre Lyon (32e journée) ont été convaincantes au niveau du jeu déployé par les Olympiens. C’est très peu. Il y a une semaine, l’OM avait été médiocre à Metz malgré la victoire, dimanche soir, l’équipe olympienne est restée hélas sur cette lancée mais avec une défaite comme punition. Il serait temps de réagir.
Comme il serait temps de stopper la mauvaise série de la défense olympienne : cela fait maintenant 8 matchs consécutifs que l’OM encaisse à chaque fois au moins un but à chaque rencontre (pour un total de 13 buts encaissés en 8 matchs). Les Lillois ont su profiter de cette faiblesse pour inscrire trois buts au Vélodrome, ce qui n’était jamais arrivé cette saison… Il faut même remonter au OM-Lyon 1-4 de la saison dernière pour retrouver trace d’un tel score pour l’adversaire. La défense olympienne a craqué à l’image de Mandanda, auteur de sa première grosse erreur de la saison sur le deuxième but lillois. Il faut absolument resserrer les boulons derrière !
Gageons que les Olympiens vont réagir dimanche à Monaco, comme ils l’avaient fait après la défaite à domicile devant Sochaux (0-1, 30e journée) en allant s’imposer à Lorient. A l’extérieur, l’OM reste d’ailleurs sur une très bonne série de six matchs sans défaite et surtout deux victoires d’affilée. De quoi redonner un peu le moral au groupe olympien qui pourra compter normalement sur une équipe au grand complet (Valbuena et Cana retrouveront leur place de titulaire). Et on se rappelle que l’an dernier, l’OM l’avait emporté à Monaco (1-2), et c’était déjà lors de la 35e journée…