Les explications d’un vrai couac Cette
élimination nous chagrine. On est un peu surpris. Mais les Olympiens
n’ont vraiment pas su gérer ce match en Russie. De Gerets à Cissé en
passant par la défense. Voilà un sacré coup dur qu’il va falloir
surmonter…St Petersbourg. Son
aéroport, ses monuments, Pogrebnyak, son club de foot, son petit stade,
Pogrebnyak, son aéroport… Les Olympiens ne garderont pas un bon
souvenir de l’ancienne capitale tsariste, comme il y a deux ans. A
croire que le stade Petrovsky un lieu maudit pour l’OM. La faute cette
année à un doublé du solide et réaliste buteur du Zenit, Pavel
Pogrebnyak. 2-0. On dit souvent que c’est le score parfait en coupe
d’Europe. Le Zenit savait surtout que c’était le score à décrocher pour
se qualifier. L’OM savait que c’était le score qui précipiterait son
élimination. Et pourtant…
Les
joueurs russes devaient plus y croire que les Olympiens. En tout cas,
sur le terrain (dont l’état était quand même déplorable), ils l’ont
montré. Plus d’abnégation, de courses, de volonté. C’est surtout ça qui
nous gêne finalement. Et Pape Diouf l’a d’ailleurs fait remarquer à
l’issue du match :
"Il nous a peut-être manqué cet esprit de
guerrier, cet esprit de coupe d’Europe qui aurait pu combler certains
manques qui ont été les nôtres" a déclaré le président olympien au site officiel de l’OM (
www.om.net). Le capitaine Lorik Cana ne se cache pas et reconnaît le manque d’agressivité de son équipe :
"On a été dominé par notre adversaire dans l’engagement, la concentration et la vitesse de jeu. On a reçu une bonne leçon" admet-il. En coupe d’Europe -même avec deux buts d’avance- ça ne pardonne pas.
Alors on pourra toujours pester sur la validité du premier but russe -Pogrebnyak étant en position de hors jeu -
mais force est de constater que le Zenit n’a pas non plus volé son
succès. Réalistes dans le jeu et solides dans leurs têtes, les Russes
ont construit patiemment leur victoire et ne se sont jamais affolés.
Même quand au bout d’un quart d’heure, l’OM avait déjà eu trois fois
l’opportunité d’ouvrir le score... et sûrement de calmer les ardeurs
russes. Au lieu de ça, les Olympiens ont attisé le feu. Et le Zenit a
marqué.
Djibril Cissé aurait alors pu jouer les pompiers mais l’attaquant olympien
n’est apparemment pas un bon soldat du feu. Il échoua dans son duel
avec le gardien russe Malafeev qui pourtant gentiment lui avait laissé
une bonne partie de ses cages ouvertes. Des fois, Cissé manque de
finesse dans la finition. Parfois ça rentre quand même, mais là
Malafeev repoussa le tir rectiligne de Djibril. Juste avant la
mi-temps, juste après l’ouverture du score du Zenit, cette occasion
valait de l’or… Alors oui, on en veut un petit peu à Cissé qui est en
outre passé à côté de son match, mais il ne faut pas oublier que
Djibril avait inscrit un doublé au match aller… Il n’est pas le seul
responsable de cette élimination, évidemment.
La défense
centrale Cana-Givet a souvent repoussé les assauts russes mais a craqué
par deux fois au prix de deux erreurs d’inattention dans le marquage.
Deux erreurs de trop. Mais c’est bien l’ensemble de l’équipe dans son
expression collective qui est à blâmer. Même Eric Gerets ne s’en tire
pas sans reproche. Son option « la meilleure défense c’est l’attaque »
aurait pu être récompensée en début de match mais elle a ensuite montré
ses limites. D’une, les Olympiens ne sont pas arrivés à déployer leur
jeu offensif habituel (les causes sont multiples : l’engagement russe,
le piètre état du terrain, le manque de volonté), et de deux, les
Russes ont obligé les Olympiens à défendre de par notamment les montées
incessantes des deux latéraux (Anyukov à droite et Sirl à gauche) qui
ont fait souffrir physiquement Niang et Valbuena. Ces derniers
manquèrent ainsi un peu de lucidité sur les phases offensives.
Le coach olympien aurait dû armer davantage son équipe pour résister.
Surtout quand l’entraîneur du Zenit lança un attaquant supplémentaire
en la personne du Turc Tekke à un quart d’heure de la fin pour forcer
la décision. Bizarrement, Gerets ne répondit pas à ce changement
tactique côté russe alors qu’on pouvait penser que l’entrée de Kaboré
par exemple pouvait soulager un peu la défense olympienne d'autant plus
que l'on sait que l’OM est particulièrement fébrile dans le dernier
quart d’heure (7 buts encaissés sur 13 au total en 2008).
Sûrement
que l’entraîneur belge de l’OM a été induit en erreur par la bonne
période olympienne précédant le 2e but russe. Les Olympiens avaient en
effet repris la maîtrise du ballon sans pour autant concrétiser cette
domination (maladresse chez Cissé et Nasri, manque de réussite pour
Niang sur sa superbe frappe à la 70e minute). L’OM avait laissé passer
l’occasion de tuer la rencontre. Il fallait alors se concentrer sur la
défense de ce petit but d’avance. Mais Gerets n’a rien changé. Les
joueurs non plus. Et Tekke dévia le ballon pour Pogrebnyak. La messe
était dite. Certes l’OM aurait encore pu arracher sa qualification en
poussant sur la fin mais la manière était trop désordonnée. Le dernier
cafouillage dans la défense russe à la 90e minute ne profita pas aux
Olympiens. Ils étaient pourtant prévenus.
Au fond de la gorge,
les regrets sont tenaces surtout quand on repense au match aller. Les
Olympiens avaient un peu le masque il y a une semaine à la fin de la
rencontre au Vélodrome à cause du but inscrit par Arshavin. Ils
n’avaient pas tort. On pourra donc toujours dire que l’OM a raté sa
qualification à l’aller mais ce match retour nous reste quand même en
travers de la gorge. Il y avait la place de passer. Autant que de
mettre le ballon dans la cage de Malafeev sur l’occasion de Cissé…
Cette élimination est comme le dit Gerets
"le premier coup dur de 2008"pour l’OM. Elle doit être à présent surmontée. Après tout, ce n’était
que les 8es de finale de la coupe UEFA. Et puis il faut se faire une
raison, cette saison l’OM n’a pas semblé être en mesure de rivaliser
sur le plan européen. Il n’y a qu’à voir les quatre derniers
déplacements de l’OM Ligue des Champions et coupe UEFA combinées : ils
se sont tous soldés par une défaite. Porto (2-1), Besiktas (2-1),
Spartak (2-0) et donc Zenit (2-0). Pourtant à chaque fois l’OM était en
position de force mais a cédé (en fin de match, toujours). Les
Olympiens savent donc où ils doivent progresser…
L’OM redescend
de son nuage avec cette 3e élimination de la saison (après celle en
Ligue des Champions et en coupe de la Ligue). Peut-être que le club
phocéen ne peut pas se permettre de jouer sur trop de tableaux à la
fois. Il reste ainsi deux objectifs majeurs : la qualification en C1
via le championnat et l’obtention d’un titre via la coupe de France.
Les Olympiens vont devoir en même temps démontrer leur capacité de
réaction et affirmer leur prétention, et ce à l’extérieur dimanche à
Lens en championnat et mercredi à Nantes contre Carquefou en coupe.
Deux très bons tests.
"Il faudra être fort dans la tête pour
réagir dimanche face à Lens. C’est dans ce genre de match que l’on se
forge un caractère pour pouvoir le ressortir dans d’autres matches.
C’est un peu le même cas que l’an passé après la finale de Coupe de
France, on avait su rebondir à Saint-Etienne. Je pense que l’on a assez
de ressources mentales pour cela" annonce Nasri. A Lens, l’OM a une occasion en Nord de se racheter.