BOKSIC, l’OM NOUVEAU
Après un match excellent mercredi soir, l’attaquant croate a fait oublier Papin et a rappelé l’illustre Skoblar au public marseillais. Qui dit mieux ?
De notre envoyé spécial.
à Marseille.
C’EST une certitude, Raymond Goethals n’arrivera jamais à prononcer correctement le nom du nouveau buteur de l’OM, qui devient « Bossique » dans le meilleurs des cas, quand ce n’est pas « Chose ». Mais mercredi soir, tout à son enthousiasme, le coach belge a ouvert de grands bras en accueillant le jeune Croate : « Messieurs, voilà la vedette. » Dans la bouche de Goethals, ce genre d’adjectif vaut son pesant de compliments. Alen Boksic, bientôt vingt-trois ans, a tout simplement rappelé aux supporters marseillais un certain Josip Skoblar, avec ses deux buts inscrits face à Bruges, sans compter le penalty provoqué par lui dès la troisième minute de la rencontre.
Précisément, le frère de Josip Skoblar, accompagné du Serbe Dragan Stojkovic, qui traîne toujours sa blessure au genou, était venu spécialement au Stade-Vélodrome pour fêter le « meilleur match » de Boksic depuis son arrivée à Marseille. Il lui aura fallu attendre plus d’un an pour vivre un tel moment.
Tout a sans doute commencé un mois avant la fameuse finale de Bari, au printemps 1991. Dans le stade du Partizan à Belgrade, les Croates de Hajduk Split viennent de remporter la dernière coupe de Yougoslavie de football face à l’Etoile rouge, future championne d’Europe. Dans les gradins, un silence glacial : sur la pelouse, deux hommes se congratulent : Josip Skoblar, entraîneur de Split, et Alen Boksic, seul buteur de la rencontre. Déjà, les recruteurs français l’ont à l’oeil. La saison suivante, le Croate signe un contrat à l’OM mais ne peut porter les couleurs phocéennes en raison du nombre de titulaires étrangers dans l’effectif.
« En venant à Marseille, je savais que je ne jouerais pas la première année, explique-t-il dans un excellent français. Mais je savais aussi qu’à Split il serait difficile de pratiquer le football dans un championnat totalement désorganisé. Pour moi, l’OM, c’était avant tout le choix d’une grande équipe, car chez nous il y a une expression qui dit qu’il vaut mieux être supporter à Hajduk que joueur à l’extérieur. »
Un visage taillé à la serpe, des yeux très doux lorsqu’il évoque sa famille « restée à Split, ville qui n’a pas été touchée par la guerre », Alen Boksic commence à se libérer du « fantôme » Papin qui pesait sur ses épaules depuis sa titularisation à la pointe de l’attaque phocéenne. « A Split, j’étais plutôt un attaquant de débordement et je prenais plus d’espace, dit-il. Ici, je suis payé pour marquer des buts, c’est ma seule préoccupation. Je me rends compte que de très grands joueurs sont passés à l’OM au cours de l’histoire du club. Mais on ne me parle que de Skoblar, Papin, Waddle. Enfin, tous ceux qui ont marqué des buts. »
Il a suffi au Croate de trouver un contexte plus favorable et cette « confiance » qui permet d’oser en face des buts adverses pour devenir l’un des axes majeurs du dispositif offensif pensé par Raymond Goethals. « Avec lui, dit Boksic, on fait vingt-cinq minutes de tactique à chaque entraînement. Tout le monde sait ensuite où il doit se trouver sur le terrain et ce qu’il devra faire en match. »
La nouvelle « vedette » dont parle Goethals sait toutefois, avec humour, garder les pieds sur terre lorsqu’on évoque avec lui l’éventualité d’une finale face au Milan-AC, le 26 mai prochain : « N’allons pas trop vite, car il y aura sans doute d’autres échéances d’ici là : par exemple ma femme, Ajda, attend un bébé pour février... »
1991 / 1994
BOKSIC
Alen
Taille : 1,87 m
Poids : 81 kg
Né le : 21 janvier 1970 à MAKARSKA (Yougoslavie)
Nationalité : Yougoslave
Poste : Attaquant
Ces clubs successifs :
1987/1991 : Hajduk Split (Serbie-Monténégro)
1991/1992 : Marseille prêt à Cannes
1992/1993 : Marseille
1993/1994 : Marseille - Lazio Rome (Italie)
1994/1996 : Lazio Rome (Italie)
1996/1997 : Lazio Rome (Italie) prêt Juventus de Turin (Italie)
1997/2000 : Lazio Rome (Italie)
2000/2003 : Middlesbrough (Angleterre)
2003/2004 : Al Jazirah (Qatar)