Bonnart, espèce en voie de disparition...
À l’Olympique de Marseille, s’il y en a bien un qui ne fait pas de vagues, c’est Laurent Bonnart. Débarqué en juin dernier sur la Canebière, aux côtés de Gael Givet et Benoît Cheyrou, l’ancien capitaine du Mans âgé de 27 ans a su peu à peu se faire sa place au soleil.
Pourtant, son recrutement consistait plus à pallier une éventuelle absence de l’arrière gauche Taye Taiwo, qu’a faire de lui un titulaire en puissance. Il a su attendre son heure dans l’ombre, ne prenant pas un entrainement à la légère, avec un sérieux et une abnégation qui n’est pas sans rappeler l’attitude d’un certain Pagis. Pour au final se retrouver dans le couloir droit au départ d’Habib Beye, un poste que le natif de Chambray les Tours a accepté sans broncher.
Avec le roc albanais Cana et le portier Mandanda, il est actuellement l’un des rares motifs de satisfactions d’Érik Gerets, nouveau coach olympien. Même si l’aventure marseillaise ne fait que débuter pour ce gabarit de poche d’ 1m70 et 62 kilos, elle laisse augurer de belles promesses. Et pourtant, rien au départ ne laissait présager une telle ascension pour ce meneur d’hommes, d’apparence discrète.
Laurent Bonnart a logiquement débuté sa carrière professionnelle dans sa région natale, à Tours, en national, lors de la saison 97/98. Percutant, vif, et doté d’une bonne pointe de vitesse, il est repéré par Le Mans, et rejoint la bande à Thierry Goudet, alors coach du MUC 72. Lors de l’exercice 99/2000, il dispute 13 matchs et inscrit un but. La saison qui suit verra Laurent Bonnart devenir indispensable de l’effectif manceau... avec un ancien olympien qui n’est autre que Didier Drogba.
Génération Bonnart
En 2003, Le Mans débarque en Ligue 1, après une saison tonitruante. Une consécration pour Bonnart, qui a largement participé à la montée. La saison 2003-2004 prend pourtant des allures de cauchemar pour les jaunes et rouges, qui finissent plus mauvaises défenses de L1. Pour son premier match au Vél’ avec le MUC, le petit Bonnart prend une déculottée, 5-1. La plus grosse victoire marseillaise de l’ère Drogba. Les Manceaux replongent alors logiquement en L2. Pour mieux retrouver l’élite un an plus tard, avec la génération des Fanchone, Cousin, Poulard ou Hautcoeur.
Depuis 2005, Le Mans fait office d’épouvantail de la ligue 1, avec comme capitaine Laurent Bonnart. Chouchou du stade Léon Bollée, il met la précision de son pied gauche au service des attaquants, en effectuant des débordements qui ont tôt fait d’attirer l’oeil des recruteurs. En 2006-2007, Bonnart se blesse aux adducteurs et ne dispute qu’une moitié de saison. À la fin de celle-ci, il fait part à son président Legarda de son désir d’ailleurs. Réponse de l’intéressé :
« Je remercie Laurent de ses neuf années avec le MUC, sans sa génération, on n’en serait pas arrivé là. À moi de lui renvoyer l’ascenseur. »
Chose promis, chose due, Laurent Bonnart signe donc à Marseille. Et en ce moment, le lutin de Léon Bollée vogue dans une galère collective inattendue et malvenue pour un club comme l’OM. Contrairement à certains de ses coéquipiers, plus désireux de fréquenter les night-clubs que d’être performant en matchs, Laurent travaille, travaille et... travaille. Et cela paye. Comme à Liverpool, dernièrement, où Bonnart a contenu Fabio Aurelio et Riise dans son couloir, entravant ainsi les offensives des Reds.
L’ancien entraîneur du Mans, Alain Pascalou, pose un regard lucide mais élogieux sur le néo olympien, longtemps couvé dans la Sarthe. « Avec lui, je n’ai pas perdu ma voix. Il est respectueux des consignes et des gens »
Une espèce en voie de disparition dans le football de haut niveau.